Depuis 1977, la motrice 1 du tramway de Fribourg était préservée dans la région parisienne, propriété de l’AMTUIR (musée parisien des transports), avec un certain nombre d’autres voitures provenant de Suisse. La motrice fribourgeoise bénéficie d’une restauration de présentation et est intégrée dans l’exposition à St-Mandé, situé dans un ancien dépôt RATP en compagnie de très nombreux véhicules historiques. Malheureusement l’AMTUIR est contrainte de démanteler son exposition à St-Mandé, ce site devant être “valorisé”. S’en suivit toute une cascade de déménagements et de faux espoirs, et l’immense collection est finalement dispersée dans la région parisienne, inaccessible au public.
En mai 2011, l’AMTUIR doit à nouveau libérer des locaux et, n’ayant d’autres choix que de réduire sa collection, contacte les associations susceptibles de reprendre les véhicules originaires de Suisse. Ainsi la motrice 1 est offerte au CTF, à condition que l’association fribourgeoises organise et finance le transport. Conscient de la valeur de ce véhicule en excellent état de présentation, et de la plus-value qu’apporterait le tout premier tram de Fribourg dans sa collection, le CTF accepte naturellement l’offre et se lance aussitôt dans une recherche de fonds et de possibilités de stocker la belle machine à l’abri et si possible accessible au public.
En 2014, à défaut de trouver une solution pérenne permettant d’abriter le tram dans un lieu visitable par le public, le CTF se résout à prévoir un stockage avec ses autres véhicules dans la halle TPF de Givisiez, endroit certes abrité, mais pas ouvert au public. De fait, cette action relance l’idée d’un espace-musée des transports à Fribourg.
Le déménagement s’organise. Des offres sont demandées à des transporteurs expérimentés et équipés pour déménager un véhicule ferroviaire. Finalement la société Dick-Frères en Belgique est retenue, bien connue de nos confrères et amis bruxellois. Une délégation fribourgeoise se rend à Paris pour examiner les possibilités de manoeuvre pour le chargement sur remorque par rampe; il faudra déplacer quelques véhicules pour ménager l’espace nécessaire. Les autorités douanières sont contactées pour les formalités : pas simple de décrire une marchandise telle qu’un ancien tram plus que centenaire, et de déterminer la valeur marchande d’un objet à la valeur historique inestimable, mais hors d’état de fonctionnement.
Arrive enfin le week-end fatidique. Le tram no 1 doit encore être préparé par la délégation du CTF : démontage des éléments sur le toit (perche, girouettes…) pouvant engager le profil maximum du convoi routier, protections… Pendant ce temps une équipe de l’AMTUIR s’affaire à manoeuvrer les véhicules historiques voisins pour ménager la place nécessaire.
Lundi 18 août, le camion arrive et dispose sa remorque surbaissée face au tram. Il faut encore déplacer d’autres véhicules. Une longue rampe est ensuite assemblée comme un jeu de mécano. Aussitôt le tram est issé sur la rampe au moyen de tires-fort, puis arrimé sur la remorque.
Départ du convoi en début d’après-midi, on se retrouvera le lendemain à Givisiez !
Mardi 19 août 2014, fin de matinée. Le convoi est annoncé, et son arrivée est attendue fébrilement. Les véhicules routiers du CTF sont sortis du hangar, pas seulement pour la décoration, mais surtout pour ménager la place nécessaire à l’opération de déchargement. Des journalistes interviewent les membres du comité, tandis que quelques membres sont venus pour accueillir le plus ancien tram de Fribourg, de retour à Fribourg après 50 ans d’exil.
Le convoi arrive enfin, sous les crépitements des appareils photo. Ainsi le Club du Tramway de Fribourg, après 25 ans d’existence, bénéficie enfin d’un tramway, non seulement entier et en bon état, mais dans un état de présentation remarquable.