Longtemps préservée en France, la motrice de tramway ex-TF no 9 de 1913 a pu être sauvé d’une démolition certaine en 2008 par le CTF. Au delà de leur entretien de conservation, la restauration des véhicules ne figure pas directement parmi les buts principaux de l’association. Cependant, en vue de rendre présentable au public ce dernier témoin de la série des “grandes motrices” de Fribourg, le CTF planifie sa restauration.
Préambule
Suite à la suppression de la dernière ligne de tramway à Fribourg en 1965, la motrice no 9, issue de la dernière série de trams TF (nos 9 à 13 de 1913, dite “grandes voitures”), a été offerte à un amateur français, et intégrée dans une riche collection de matériel roulant de diverses origines de France et de Suisse, en vue d’un projet de construction d’une ligne musée.
Alors que les projets de ligne touristiques échouaient les uns après les autres, la collection subissait d’importantes déprédations lors d’actes de vandalisme et de pillages. Compte tenu de cette situation, et du fait que le matériel devait éminemment être à nouveau déménagé, l’association propriétaire de la collection a décidé de recentrer ses activités et de restreindre sa collection à l’essentiel. Pour le solde, dont la motrice ex TF no 9, diverses associations ont été contactées dans l’urgence, afin de lui donner une chance.
Le CTF, possédant alors le tram 10, identique mais excessivement incomplet, a vu dans le tram 9 une opportunité de posséder une motrice assez complète, représentante de la série ex-TF 9 à 13. Jouant franc jeu, le CTF propose de sacrifier le tram 10, avec récupération de bons éléments, en faveur du tram 9. Le CTF assure, en quelques semaines, les démarches de financement et l’organisation de la sauvegarde, de ce qui allait être alors le dernier tram ex-TF dans le canton. A ce titre cette opération a bénéficié d’un soutien financier exceptionnel de la part du Service des Biens Culturels.
Etat des lieux
Le tram no 9 présente de profondes dégradations suite à une cinquantaine d’années d’entreposage dans toutes les conditions, soit pratiquement autant d’années que sa durée d’exploitation !
Les dégâts apparents de la caisse :
- l’extérieur défraichi et en grande partie recouverte de graffitis,
- une plateforme a subi un léger tamponnement;
- de nombreuses vitres brisées, une girouette manquante;
- le lanterneau, point faible de cette série de tram, présente un fort affaissement (forme de banane), occasionnant une désolidarisation des éléments de doublage intérieur;
- à l’intérieur, plaquettes et inscriptions volées, ainsi que les lustres, et le panneau de commande de l’éclairage;
- aménagement intérieur (garnissage des plafonds, quelques stores, et un banc) sérieusement abimés par des infiltrations d’eau;
Plus difficiles à réparer, les dégâts consécutif au pillage des métaux précieux :
- à l’intérieur armatures en bronze enlevés et contrôleurs (dispositifs de mise en marche) éventrés ;
- sur le toit câbles en cuivre dans les canaux, base de perche et résistances enlevés ;
Le châssis semble complet (moteurs, engrenages, sabots de frein électrique, système de frein, systèmes de chasses corps, tampons, etc.).
Les structures porteuses de la caisse semblent assez bonne, mis à part quelques pièces particulièrement usées ou victimes de l’humidité. Les tôles en aluminium garnissant la caisse ont contribué à cette relativement bonne tenue dans le temps.
Projet et options
Le tram est certes sauvé d’une démolition certaine, mais sa restauration doit encore être planifiée en détail, et de nombreuses questions doivent être clarifiées :
- Stratégie : à quelle fin restaurer ce tram ? Statique ou roulant, ou entre deux ? Si le premier sera probablement choisi, la possibilité d’une restauration ultérieure en état roulant doit rester réalisable.
- État général : quels éléments peuvent être restaurés, lesquels doivent être remplacés à neuf ?
- Époque de référence : cette série de tram n’ayant pas subit de transformation significative, le choix de l’époque se limitera surtout à des questions de livrée (couleurs et sigle).
- Réalisation : exécuter les travaux par les ressources internes, ou sous-traiter à une entreprise spécialisée ?
- Financement : les revenus réguliers du CTF ne couvrent que les frais d’entreposage et d’entretien nécessaire de conservation. Des fonds destinés à la restauration de ce tram devront être spécialement constitués.
Avancement
Les plans des pièces manquantes ou à remplacer sont en cours d’élaboration. Des premiers sondages ont été effectués afin d’évaluer l’état du bois. Notamment le toit a été dégarni de sa couche de protection et les caniveaux déposés.
Cependant les interventions sur la caisse ont jusqu’ici été menées de façon parcimonieuse et discrète. En effet, l’équipe technique devant actuellement se consacrer à d’autres tâches prioritaires (expositions, rapatriement du tram 1, réparations urgentes), dans l’attente d’une possibilité d’entreprendre une restauration de façon soutenue, il est préférable de maintenir le véhicule dans son état de présentation actuel, plutôt que de le transformer durablement en jeu de construction.